vendredi 4 novembre 2011

au bord de la mer et évènement inattendu

Ce matin-là j'ai décidé de me faire plaisir et d'aller à la mer; Pas question de moisir dans ma chambre d'hôtel sombre à attendre cette offre; Ensuite, si toujours sans nouvelle de leur part j'irai au fret de l'aéroport pour les secouer et faire avancer le truc.

Je lisais quelque part que les athéniens profitent à fond du bord de mer et donc voilà une très belle petite plage, complétement en marge du brouhaha de la ville et pourtant seulement à 20m en arrière d'un grand axe.
Des retraités peinards qu'on devine grands habitués sont là, à leur petite place favorite, se saluant les uns les autres, bavardant et attendant que le soleil fasse monter la température.
Un petit bateau de pêche est ancré là et le poisson du jour attend des acheteurs.
Quel calme. Magnifique de nager un peu.

Il y un gaillard photogénique juste derrière moi, buriné de chez buriné qui fume clope sur clope, l'air immensément désoeuvré. J'aimerais vraiment faire un portrait et le "cueillir" naturellement mais difficile de faire ça discrétement, à bout portant. Alors je me ballade, tourne un peu en rond, profite du moment.



C'est vrai que depuis mon départ de Suisse c'est la 1e fois que je viens, par plaisir, vraiment tout au bord de ce grand truc que je veux traverser, que je dois traverser pour continuer mon voyage. Au Pirée ou ailleurs, d'un bureau à l'autre et sur les immenses quais c'est différent.


Allez, je veux partir mais traîne et prend des photos, une envie de rester encore. C'est tellement peinard et il fait progressivement plus chaud.
Tiens celui-là, avec sa pipe et son petit chapelet de musulman dans la main.
Hop je le shoote.




Bon allez je me décide, finalement me rhabille, casque sac gants et tout; J'avance le long de la promenade avec la moto, tout doucement, près des promeneurs (un truc impensable en Suisse, pourtant il me semble ne déranger ni les passants ni la tranquillité du lieu), m'arrête encore, décidément il y a un truc qui me retient là.

Cette fois GO, j'y vais. Je continue à rouler jusqu'à ce passage pour rejoindre la grande route. A ce moment j'aperçois de nouveau l'homme habillé en noir que j'avais photographié plus tôt: Il se tient là et semble attendre pour traverser; Ah ben je vais lui dire bonjour, et au ralenti je me dirige vers lui. Parvenu à un mètre de son dos je sens tout-à-coup un choc:
En une milliseconde de silence je sens la moto sous moi se faire soulever et coucher, je tourne la tête vers la droite: il y un bruit de fracas maintenant et l'immense museau d'un tramway est en train de nous pousser, la moto et moi. On est toujours couché, le bruit et le mouvement continuent encore un peu avec des trucs qui se cassent autour puis tout finit par s'arrêter. 
Je crois voir un peu de fumée, alors curieusement sans émotion je coupe le contact. Des gens arrivent, le museau maintenant immobile est toujours aussi gros.
Pas possible de me dégager, je vois que mon pied droit est caché par le spoiler du tram (!!!) et que ma jambe gauche est aussi sous la moto. Des gens à gauche et à droite essaient de la bouger, sans succès. Finalement le tram recule mais ça nous traîne en arrière aussi parce que la moto est coincée avec lui. Les gens crient. J'essaie toujours de dégager mon pied et finalement j'y arrive: La chaussure et le pied sont là, intacts, l'air de rien: je le sens et même si ça fait mal je peux le remuer !
Pour le reste je suis toujours coincé et dans un espèce de truc de science-fiction je me retrouve en train de dire à 2 types comment saisir cette moto. 1 2 3 ils la soulèvent un peu et voilà que je me retrouve assis sur le sol, puis bientôt debout sur mes 2 jambes, soutenu par deux personnes.        P...    en une seule pièce.
La moto a reçu, en fait c'est elle qui a pris le choc et qui m'a sauvé.
Quand on voyage comme ça, elle est bien-sûr tellement importante: On la ménage, on écoute le bruit du moteur, on cherche toujours un endroit sûr pour la nuit.
Ils la relèvent: elle ne roule plus. Je boîte méchamment mais essaie de les aider, bien inutilement. Le sélecteur de vitesse a perforé le carter gauche et l'huile coule sur le sol. Image de désolation. Bien-sûr je me rend  compte que la messe est dite. 
En bidouillant ce bout de métal tordu je parviens à retrouver le point mort, on la pousse en dehors des rails et l'appuie contre un arbre. Plein de gens bien-sûr, il y a même un type en train de filmer, une dame bienveillante à lunettes de soleil et training rose.
Bref j'apprend que ce jeune type avenant qui se tient près de moi depuis un moment est en fait le chauffeur du tram. Je le remercie; On est clairement très très contents de se parler.

J'ai mes 2 bras mes 2 jambes, je pourrai encore pédaler, faire l'a, nager, danser, courir.
Un instant, une seule fraction de seconde de distraction après tous ces kilomètres à rester attentif, gérer, pondérer, faire attention. Et même si le plus gros de la distance et des risques était encore devant, bien-sûr.
J'avais déjà fait une ou deux bonnes c...dans ma vie jusqu'à présent mais avec celle-ci j'ai trouvé que ça a passé prêt.

La suite n'est pas très originale, police, ambulance, radio à l'hôpital, les cannes, téléphones aux assurances, numéros de sinistre et tutti quanti etc etc etc... Dans l'action je n'ai bien-sûr pas pensé à prendre l'avant du tram en photo. On verra.
Retour en Suisse en avion, aujourd'hui 4 novembre.

Trop tôt pour les conclusions et les blablas sur la raison et le sens de tel ou tel évènement, mais en tout cas le premier chapitre de ce voyage a été fantastique d'un bout-à-l'autre.
Et les gens sympas ! Voilà le patron de l'hôtel (au premier regard je lui trouvais une allure de ponte de la mafia d'Athènes et des Balkans avec sa carrure et son costume noir, et puis tout de suite "aah mais oui j'ai aussi la Yamaahha 750, exactement la même oui oui c'est super et puis j'ai aussi ce modèle et puis celle-là, venez, non non, venez mettez là dans mon garage ! Anytime anytime"), Stathis Vourliotakis, tellement serviable et qui m'a aidé spontanément pour une foule de choses. A gauche son pote le transporteur-dépanneur.
 
D'un bout à l'autre de ce trip des bobines impayables, des gens pittoresques et sympas.

A bientôt.

Gilbert










Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire